jeudi 17 janvier 2008

Oraison funèbre

Mes biens chers frères, comme vous n'êtes sans doute pas sans l'ignorer, Carlos nous a quitté. Ce colosse, tout de gras et de salopette hawaïenne, a été terrassé par un cancer dans la fleur de l'âge (64 ans).

Le monde tel que nous le connaissions n'est plus. Au-delà de la douleur insoutenable (Qu'allons-nous devenir ?), tâchons de nous rappeler qui était cet immense artiste.

Yvan-Chrysostome (parfois francisé en Jean-Chrisostome, voire Jean-Christophe) Dolto est né à Paris le 20 février 1943, aux alentours de midi. Son père était un éminent kinésithérapeute d'origine russe, et sa mère n'était autre que la célèbre pédopsychiatre Françoise Dolto, que tout le monde connaît pour ses ouvrages sur l'éducation des enfants. Joseph Ratzinger (plus connu sous le sobriquet de Benoît XVI) aurait d'ailleurs déclaré à son encontre (je cite) : "Non mais oh, de quoi elle se mêle l'autre morue à nous dire comment éduquer les gamins, elle ferait mieux de se taire, quand on voit son pignouf de fils". Cette déclaration lui vaudra sans doute de crever la gueule ouverte dans un fossé putride, et ce sera bien fait.

Dès sa petite enfance, il montre des dispositions impressionnantes en ce qui concerne le parapente. Il multiplie très vite les prix dans cette discipline : Triple champion de Lot-et-Garonne catégorie "poussins", aile de plomb aux XVIIèmes championnats du monde de Houte-Si-Plout, ... Il est vite pressenti pour devenir le nouvel espoir sportif français, et ses fans le surnomment "l'angelot de Clermont-Ferrand". Néanmoins, en garçon bien élevé qu'il est , il choisit de faire plaisir à son papa, et il entreprend des études de kinésithérapie à l'EFOM, école crée et dirigée par ce dernier (son père, donc). Après une réussite brillante (certains de ses petits camarades ont supputé qu'il eut été pistonné, mais ils ont mystérieusement disparu aux alentours du fleuve St-Laurent, avec plusieurs kilos de béton), il s'établit comme masseur à Saint-Germain des prés, où il fera le bonheur des dames et le malheur des maris, quittés pour celui qu'on appelle "Ricardo-les-doigts-de-fée".

Un week-end de Juillet 1964, alors qu'il fait du parapente avec des amis sur les hauteurs de Mexico, c'est le drame : il oublie de souquer son artimuse avant un décollage, et est grièvement blessé lors de sa chute au-dessus d'une décharge de clous rouillés. Il est rapatrié d'urgence à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où il restera alité 6 ans en convalescence, ce qui lui confèrera sa corpulence généreuse. Néanmoin, il met à profit ces six années pour apprendre la musique. Et là, c'est la révélation, il apprend à jouer de pas moins de 37 instruments, dont le ukulélé à résonateur, le turlusiphon des andes, le sousaphone, la grenouille musicale et la basse à 11 cordes.

A sa sortie de l'hôpital, il ne prend même pas la peine de passer chez lui prendre une douche, et file en studio où il enregistre son premier grand succès, "Y'a des indiens partout". Les tubes s'enchainent durant toutes les années 70, avec "Big Bisou", "Tout nu et tout bronzé", j'en passe et des meilleures. De sa discographie pléthorique, je vous ai sélectionné deux morceaux d'anthologie : "Papayou" et "Tirelipimpon".





C'est également à cette époque qu'il développe un gout immodéré pour le déguisement. Fait moins connu, il ouvre un orphelinat pour enfants-bottes, qu'il finance en gagnant des compétitions de très haut niveau de motocross, déguisé avec une fausse barbe et sous le nom de Billy Gibbons. Lors d'une soirée bien arrosée après une compétition où il avait franchi un gouffre rempli avec 16 autobus à deux étages eux-mêmes remplis de crocodiles ondinistes enragés et armés de doubles haches en mithril +2 buveuses d'âmes, il empoigne sa guitare et forme avec deux amis le trio mieux connu sous le nom de "ZZ Top". Morceau choisi.



Par la suite, fort de son succès artistique planétaire, il multiplie les projets : Pubs pour Oasis ("Oasis, c'est beau, c'est bon"), dessins animés ("Les aventures de Carlos", "T'as le bonjour d'Albert"), films, livres, participations aux grosses têtes, documentaires sur les îles tropicales... Il est impossible de lister ici les activités de ce touche-à-tout magnifique.

Et c'est ainsi que nous souhaiterons nous souvenir de lui, et certainement pas comme l'homme qui, déjà touché par le doigt nauséabond de la mort, a participé (contre son gré, j'en suis convaincu) à un meeting à la gloire d'un nabot de sinistre mémoire en avril dernier.

Quoiqu'il en soit, oublions ce triste épisode, pour nous recueillir, et dire une dernière fois à ce génie multi-tâches "Adieu l'ami, adieu l'artiste, adieu le ringard (comme ses amis aimaient à l'appeler affectueusement)". Cela fait, tâchons de ne pas pleurer, mais appliquons ses préceptes de vie, rigolons un grand coup en nous tapant sur le ventre, et filons sur Bide & Musique écouter ses plus grands succès en les reprenant à tue-tête.

Tous avec moi : "TIRELIPIMPON SUR MON CHI-HUA-HUA..."


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