mardi 18 mars 2008

On est bien peu de chose, tout de même...

Ou "Du lien évident entre le Muppet Show et les films érotiques des 60's".

Je ne sais pas si je vous en ai déjà parlé, mais j'aime beaucoup le Muppet Show. Mon personnage favori est, de loin, Animal, le batteur cinglé. Pour ceux qui ne connaitraient pas (pauvres d'eux), un petit morceau d'anthologie : Animal qui pourrit la vie de Rita Moreno en l'empêchant de chanter "Fever".



Autre morceau de choix, plus récent celui-là : le clip "Keep Fishin'" de Weezer, ou Animal remplace au pied levé le batteur kidnappé par Piggy la cochonne. On notera particulièrement les pingouins idiots qui se dandinent sur les amplis.



Bon, je ne vais pas passer la journée à vous parler de ma passion pour Animal du Muppet Show. Je me contenterais de vous conseiller vivement les "Drum Battles", notamment
Animal vs. Harry Belafonte et Animal vs. Buddy Rich, ou encore sa version pour le moins surprenante de la chanson irlandaise traditionnelle "Danny Boy" (ça fait raccord avec la St-Patrick d'hier).
Brefle donc, allons vers l'essentiel. Il y a une autre vidéo du Muppet Show que j'aime énormément, c'est la séquence intitulée "The Mahna Mahna Song".



Cette vidéo, je la connais depuis des années, je la regarde souvent, et elle me fait toujours autant rire. Il est vraisemblable que la chanson vous dise quelque chose : elle a été reprise cent fois, et mises à toutes les sauces, notamment en français par Henri Salvador, qui en a fait "Mais non, Mais non". Je pense même qu'elle a été utilisée il y a quelques années pour une pub pour une voiture (la Peugeot 106, il me semble).
C'est précisément le fait qu'elle ait été reprise qui m'a donné envie de savoir qui était l'interprète de cette chanson... comment dire... euh... différente. Et c'est là qu'on bascule dans la quatrième dimension.

Il se trouve que cette oeuvre, initialement intitulée "Mah Nà Mah Nà", a été composée en 1968 par l'italien Piero Umiliani. Le site Bide & Musique, toujours fort à propos, nous fournit même ses paroles. Hum.
Ce qui est beaucoup plus surprenant, c'est que ce titre fait en fait partie de la BO d'un pseudo-documentaire vaguement érotique italien, paru en 1968, et intitulé "Svezia, Inferno e Paradiso" (ce qui veut dire, pour les moins perspicaces d'entre vous, "Suède, Enfer et Paradis"). Ce "documentaire" (en fait, surtout une occasion pour les italiens de l'époque de se rincer l'oeil, apparemment) traitait des moeurs sexuelles "libérées" en Suède, et on y voyait, en vrac, des cours d'éducation sexuelle pour jeunes filles (Shocking !), des boites lesbiennes (Oh My God !), des clubs échangistes (Holy Mother Sweet and Pure !), des concerts de rock avec des musiciennes topless (Sweet Jesus Lord of Mercy) ou des suédoises qui se réunissent pour faire du ballon sauteur en petite tenue (Heu... Ouais... Pourquoi pas ?). Vous l'aurez compris, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Néanmoins, le film avait fortement choqué l'Italie puritaine de la fin des années 60, et a été abondamment décrié, censuré, interdit, dénoncé, excommunié, etc...

Enfin, revenons à nos moutons. Pour que vous ne mourriez pas idiots, je vous offre la séquence où on entend la chanson suscitées (que les administrateurs se rassurent, pas besoin de l'interdire aux moins de dix-huit ans). C'est que ça se passe.

Personnellement, je trouve que niveau érotisme torride et scène choquante, on a fait mieux. Néanmoins, depuis quelques jours plusieurs questions me turlupinent. D'abord, par quel prodige d'Internet me suis-je retrouver à perdre deux heures de ma vie, et un peu de ma chasteté déjà défaillante, en effectuant des recherches sur un film pseudo-érotico-ringardos alors que je voulais simplement regarder une bonne vidéo du Muppet Show ? Ensuite, comment un pays qui trouvait cette scène choquante il y a seulement 40 ans est-il devenu le plus gros producteur de porno européen ?? Et surtout, surtout : COMMENT un compositeur à qui on a commandé une musique de scène de sauna féminin en Suède a-t-il pu penser que cette chanson ridicule pouvait convenir ??? Comment le réalisateur a-t-il pu accepter cette proposition, et penser une seule seconde que cette musique aurait un autre effet que provoquer l'hilarité générale ? Comment un producteur a-t-il pu dire à ces deux énergumènes "Ok, votre scène de sauna est nickel, on envoie le film en post-production" ?

Vous en conviendrez avec moi... On est bien peu de chose, tout de même.

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